les lycées aussi

Publié le par JC 25, Che Guevara, Guy Môquet,

Les lycéens assurent la relève

Universités . Dans les manifestations, hier, les lycéens étaient nombreux. Le mouvement étudiant semble à la recherche d’un second souffle.

À ceux qui le voyaient déjà mort, le mouvement étudiant répond : pas encore. Il gîte toujours et continue de faire des vagues. Hier, à Lille, Rennes, Paris, Rouen, Lyon ou encore Toulouse, près de 20 000 personnes ont défilé contre la loi Pécresse sur l’autonomie des universités. Plusieurs facs étaient bloquées par les grévistes, d’autres fermées administrativement. Les lycéens n’étaient pas en reste, qui ont également fait barrage devant plusieurs dizaines d’établissements et ont compté pour beaucoup parmi les manifestants. Ils étaient même plus nombreux que leurs aînés à défiler sur le pavé de la capitale, laquelle affichait une vingtaine de lycées bloqués. Bref, alors que cette journée aurait pu s’avérer fatale pour une lutte longue, déjà, de trois semaines et à la recherche de son second souffle, il n’en a rien été et les appels à se mobiliser de nouveau jeudi ont été confirmés.

les obstacles

sont multiples

Pas moribond, donc. Mais le mouvement n’est pas non plus en ultraforme, et l’on est loin d’atteindre la puissance des déferlantes anti-CPE. Il faut dire que les obstacles sur son chemin sont multiples. Le gouvernement, bien sûr, qui, c’est de bonne guerre, mise sur le pourrissement d’un conflit dont il s’applique à minimiser la portée. La suspension de la grève des cheminots pèse elle aussi sur le moral, du moins sur la dynamique des troupes, quand beaucoup d’opposants à la loi Pécresse comptaient sur le cumul des énergies pour faire plier François Fillon.

Mais les opposants à la loi comptent des adversaires bien plus proches que ceux qui siègent dans les ministères, à commencer par les présidents de facs, favorables à une loi qui leur confère les pleins pouvoirs dans leurs établissements. Depuis la semaine dernière, les directions d’université n’hésitent plus à adresser des mails aux étudiants, les invitant à faire pression sur les grévistes pour qu’ils lèvent leurs piquets. Chez ces derniers, on dénonce carrément ces « gestes » équivoques des rectorats ou présidences d’université, peu à même de calmer les tensions, voire susceptibles de les attiser.

Ainsi à la Sorbonne, bloquée, hier, par un gros noyau d’étudiants. « Les facs jouent la carte de la tension », estiment Emmanuel et Vattani, tous les deux en magistère de relations internationales, tous les deux grévistes et anciens de la lutte anti-CPE. « À l’époque, le président avait gardé une certaine neutralité. Ce n’est pas le cas à présent. » Outre les messages électroniques adressés à l’ensemble des universitaires, sa propension, depuis hier matin, à laisser entrer n’importe qui dans les locaux interroge. « Jusqu’à présent, les appariteurs avaient pour consigne d’éviter tout incident entre grévistes et non-grévistes, en filtrant les flux, en contrôlant les cartes. » Les ordres ont, semble-t-il, changé et n’empêchent plus les face-à-face.

les étudaints de droite décomplexés

Si une majorité de non-grévistes ne manifestaient pas, hier matin, d’exaspération véhémente, quelques-uns se montraient excédés. Entre ceux qui bloquaient et ceux qui poussaient pour entrer, l’ambiance était parfois électrique. « C’est ce que nous redoutons le plus, expliquent Emmanuel et Vattani, le risque que les rapports entre étudiants s’enveniment. »

Un risque d’autant plus fort que les étudiants de droite semblent avoir des ailes dans le dos et affichent sans complexe leur opposition au mouvement. L’UNI, favorable à la loi Pécresse, a assuré avoir déposé « dix recours » en référé devant des tribunaux administratifs afin que ceux-ci contraignent les universités à lever les blocages. Plus grave : lundi, le RED (Rassemblement des étudiants de droite, proche du Front national de la jeunesse) faisait une descente sur la fac de Tolbiac et s’en prenait physiquement aux jeunes mobilisés. Bilan : plusieurs blessures, dont une mâchoire fracturée.

Marie-Noëlle Bertrand
Source : l'Huma du 29/11/07

Publié dans Revue de presse

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