un Marx et ca repart.....

Publié le par JC 25, Che Guevara, Guy Môquet,

La résurrection de Marx

« Marx a été l’homme le plus exécré et le plus calomnié de son temps ». Ainsi parlait sobrement Engels de Marx lors de la cérémonie de son enterrement (1). On est tenté de dire que c’est toujours vrai aujourd’hui. Ah ce diable de Marx qu’il faut juger et rejuger, condamner et recondamner !

Qui n’a pas lu ou entendu dire que « Marx est mort » et que sa pensée périmée et inutile appartient désormais au passé. La lutte des classes, l’exploitation, l’aliénation, la révolution etc. sont des vieilleries d’un autre âge. Il faut plutôt s’intéresser au « choc des civilisations », à « la lutte contre le terrorisme », car "la lutte des classes (…) n’est plus d’aucune utilité pour comprendre notre société » (2) disait Madame Lagarde avec son maître Nicolas Sarkozy dont la haine pour Marx n’est plus à démontrer.

Même certains leaders du Parti Socialiste appellent leurs militants à « sortir de la doctrine marxiste » pour gagner les élections (3). Les « nouveaux philosophes » ne sont pas en reste. Ils brillent essentiellement par leur antimarxisme. Ce mépris pour Marx constitue d’ailleurs leur point de ralliement. Lors des dernières élections présidentielles en France, ils n’ont pas hésité, pour la plupart d’entre eux, à rendre un vibrant hommage au candidat Sarkozy avec qui ils partagent cette vision conservatrice du monde.

L’école aussi a peur du vieux barbu. Au lycée par exemple, Monsieur Darcos ministre de l’Education Nationale, ne supporte plus, comme le Medef d’ailleurs, l’enseignement des Sciences Economiques et Sociale (SES) où Marx fait partie, avec d’autres penseurs, du programme. Il pense, à tort, que cet enseignement n’accorde pas suffisamment de place à l’économie de marché, à l’entreprise, à la concurrence etc. Les professeurs de cette discipline seraient dans leur majorité des marxistes ! C’est sur cette base idéologique que le pouvoir politique s’apprête à supprimer les SES et à les remplacer par un enseignement vide de toute analyse et de toute réflexion critique. Marx est utilisé ici comme épouvantail pour liquider cette discipline et répondre ainsi à l’attente des employeurs. Il y a peu de chance que Marx figure dans le nouveau programme dont la finalité, en dernière analyse, est de faire l’éloge de l’ordre établi.

La liste des gouvernements, institutions, intellectuels, médias etc. hostiles à ce penseur est longue. Quel est alors le crime de cet homme pour susciter autant de haine et de calomnies de son vivant tout comme après sa mort ? Pourquoi cet acharnement à vouloir juger et condamner toujours le même homme ?

Marx n’était pas seulement un penseur, un savant, mais d’abord et surtout un homme d’action, un révolutionnaire : « les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde de différentes manières, ce qui importe, c’est de le transformer » écrivait-il. La science à laquelle il a sacrifié une grande partie de sa vie, était un moyen au service de cette transformation du monde. C’est là que réside la grande différence entre Marx et les autres penseurs. Toute l’œuvre (inachevée) de Marx tend vers cet objectif : préparer la révolution qui permettra l’abolition du capitalisme. Et « à la place de l’ancienne société bourgeoise, avec ses classes et ces antagonismes de classes, surgit une association où le libre épanouissement de chacun est la condition du libre épanouissement de tous » (4).

Cette vision du monde entre en conflit avec l’ordre établi qui ne cherche qu’à perpétuer les rapports de domination et d’exploitation de l’homme par l’homme. Marx dérange toujours malgré toutes les funérailles qu’on lui a célébrées.

Aujourd’hui, la faillite du libéralisme aux Etats-Unis et en Europe a jeté des millions d’hommes et de femmes dans le chômage et la misère. Et la crise ne fait que commencer !(5). L’invasion militaire de l’Irak et de l’Afghanistan et son cortège de massacres, de torture et de souffrances infligées aux populations innocentes de ces deux pays ont heurté la conscience de millions de citoyens à travers le monde. « Le capitalisme porte la guerre comme les nuées portent l’orage » disait Jean Jaurès. Le développement accéléré des inégalités entre le nord et le sud de la planète, les ravages écologiques, la malnutrition, la famine etc. sont les conséquences directes d’un système qui a érigé le profit comme but suprême de sa raison d’être.

Cette situation rend la pensée de Marx plus actuelle que jamais. Il ne s’agit pas de dogmatiser une œuvre toujours en mouvement, mais de la confronter constamment à la réalité. Celle-ci montre, chaque jour qui passe, qu’il ne suffit pas de l’interpréter, mais de la changer.

Mohamed Belaali


(1) Marx. Pierre Fougeyrollas. Puf

(2) Déclaration devant l’Assemblée Nationale le 10 juillet 2007

(3) http://www.lefigaro.fr/politique/2008/03/20/01002-20080320ARTFIG00587-huchon-le-ps-doitsortir-de-la-doctrine-marxiste.php

(4) Le Manifeste du Parti communiste

(5) http://bellaciao.org/fr/spip.php?article71421

Publié dans Réflexions

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