Sarko...

Publié le par JC 25, Che Guevara, Guy Môquet,

Le programme Sarkozy : Liquider la Résistance
Nous vivons à l’évidence une période cruciale de refondation du paysage politique et social français. Dans ce grand tourbillon, histoire d’y voir un peu plus clair, le magazine Challenges donne à lire l’édirorial de sa dernière édition, signé de l’ancien vice-président du MEDEF, Denis Kessler.

En effet, pour qui veut bien comprendre le film de la politique Sarkozy, que le président s’emploie à nous projeter en accéléré pour mieux le brouiller, cet article fournit des sous-titres d’une limpide clarté. C’est donc bien tout l’édifice social issu des conquêtes de la Libération et du Conseil national de la Résistance que le nouveau président veut mettre à bas. Dans leur esprit, tout doit être liquidé avec méthose. C’est cette fois plus clairement dit que jamais.

Mais l’intérêt de cet article va au delà. Il met du même coup clairement en perspective les trois piliers de la refondation entreprise : la démolition sociale exigée depuis des années par le MEDEF et assumée aujourd’hui dans toute son ampleur par Sarkozy ; la révision d’une certaine idée de la France dans ses rapports au monde ; la refondation politiqu qui en devient du coup le corollaire indispensable. Cette cohérence est d’ailleurs consignée dans les actes présidentiels de ces dernières semaines : le discours présidentiel prononcé le 18 septembre pour lancer la restructuration de tout l’édifice social français, le discours raciste prononçé le 26 juillet à Dakar et le terrible symbole des tests ADN ; le ralliement atlantiste entériné à New York et la relance du traité européen rejeté en 2005 ; l’exercice du pouvoir sur un mode hyperprésidentiel, la volonté déclarée de procéder à une révision constitutionnelle qui consacre la bipolarisation politique, la stratégie d’ »ouverture » politique utilisée pour tenter de brouiller tout clivage gauche-droite.

Cette clarification du projet Sarkozy devrait intéresser toutes celles et tous ceux qui entendent lui résister. Car il n’y aura pas de résistance durable et solide à cette entreprise de remodelage généralisé qui accepterait de faire face à un des pans de l’offensive tout en la laissant prospérer à travers d’autres brèches laissées grandes ouvertes. De ce point de vue, si l’éditorial de Denis Kessler éclaire le projet de la droite au pouvoir, il interpelle aussi toute la gauche, qui pour faire face doit elle-même clarifier son projet.

Il faudra bien que le peuple de gauche et bien au delà tous ceux qui commencent à se lever contre la politique de Sarkozy en prenant conscience de son extrême gravité disent où est l’avenir d’une alternative solide ? Dans l’atlantisme ? Dans la fuite en avant d’une Europe de la mise en concurrence systématique ? Dans l’approfondissement d’une bipolarisation appauvrissante ? Dans un choix qui revendique dans la foulée de la campagne de Ségolène Royal ce que son fidèle soutien Bernard Henri Levy appelle une « gauche américaine alliée avec le centre et qui assume sa part d’héritage libéral » ? Ou bien au contraire dans une gauche qui, repensant le monde, renouerait enfin avec ses valeurs, son attachement sans compromis à l’égalité et à la justice sociale, son parti pris de la diversité, une vision solidaire de la planète ?

On entend déjà les éternels « modernisateurs » de la gauche nous rétorquer finalement comme Denis Kessler que tout cela date précisemment beaucoup. « Plutôt Bayrou que Buffet » nous suggère ainsi BHL. MG Buffet justement, à la Fête de L’Humanité, répondait déjà à cette alternative piégée. »Nous savons tous que le statu quo à gauche n’est pas tenable, déclarait-elle. Nous savons tous qu’il faudra refonder nos combats en ce 21è siècle. Mais pourquoi cela signifierait-il mettre la clé sous la porte, pourquoi refonder la gauche, ce serait accepter de la faire tomber à droite ? »

Refonder, innover et non tout bazarder. Et s’il était là le vrai débat d’avenir face à Sarkozy ?

Publié dans Débats

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