Riposte

Publié le par JC 25, Che Guevara, Guy Môquet,

Succès du 18 octobre, le début d’une riposte

Le gouvernement va-t-il s’entêter dans ses manœuvres de provocation, de division et de mépris ? Depuis le 18 octobre, la balle est de retour dans son camp. Suffit-il de déclarer s’attendre à un “ mouvement fort ” pour penser en atténuer la portée ? L’obstination mise à alterner le chaud et le froid indique les calculs du pouvoir. Le chaud, côté ministre du travail dont “ la porte est toujours ouverte ”, mais plus tard. Le froid côté porte-parole du gouvernement pour qui tout se discute sauf le fond de l’attaque en cours contre les retraites et pas seulement les régimes spéciaux. “ C’est quelque chose sur lequel nous ne pouvons pas céder ”, a-t-il indiqué à propos de l’augmentation de la durée des cotisations pour prétendre à un départ à la retraite après une vie de travail. Il y a là quelque chose de l’ordre de la révélation des intentions à peine voilées de l’État.

En 2008 est prévue une étape décisive, fixée depuis 2003 par la première réforme Fillon, dans la remise en cause du droit à la retraite. Il s’agit, selon les souhaits partagés par la droite néolibérale et le MEDEF, de faire avaliser l’allongement des cotisations au-delà de quarante ans pour tous. Pour nombre de salariés, et singulièrement les plus jeunes, l’âge de la retraite deviendra un horizon qui s’éloigne d’autant plus que l’on s’en approche. Voici venu le temps des réalités. Le slogan présidentiel entrant dans les faits est bien “ travailler plus longtemps pour gagner moins ”, selon la formule de Bernard Thibault. Et comme il n’est pas question “ de céder ”, si l’on peut diviser les victimes de l’attaque sociale, en favorisant au passage l’isolement de ceux qui se montrent les plus combatifs parce qu’ils sont encore les mieux organisés collectivement...

Les intéressés ont donné leur réponse le 18 octobre. Chez les chemi­nots, chez les électriciens et gaziers, parmi les conducteurs de bus et de métro, la grève a connu un succès massif, déterminé et inégalé. Les cortèges, dans toute la France, ont été à la mesure de cette mobilisation. Ils ont vu aussi leurs rangs grossis de salariés de certaines entreprises privées comme de secteurs menacés de la fonction publique, de l’éduca­tion, de la santé ou de l’ANPE et des ASSEDIC. Franchises médicales, casse des retraites, salaires bloqués, suppression de postes à l’éduca­tion nationale, santé privatisée sont les traductions pratiques des dis­cours du président de la République sur son “ nouveau contrat social ” qui serait fondé sur “ le mérite, le travail, l’égalité des chances ”. La colli­sion entre les mots et le réel de la mise en œuvre explique le trouble patent dans l’opinion.

“ Mais ils sont où, les privilégiés ? ” scandait-on dans les manifs. Tiens, allons voir à l’Assemblée. Au même moment, les députés de la majorité présidentielle votaient l’alignement du régime fiscal des spéculateurs en actions sur celui des obligations. Après les quinze milliards de cadeaux fiscaux accordés aux plus riches de ce pays cet été, voilà qui a le mérite d’être clair. Ce gouvernement, cette majorité n’ont d’yeux que pour les rentiers de la finance, pour qui sont dépecés, pan par pan, tout ce qui fait obstacle à la dictature de leurs profits, des services publics aux retraites en passant par l’écrasement des salaires et des droits des salariés. Il est cependant une spéculation hasardeuse : cette journée du 18 octobre, le gouvernement la souhaite comme une fin. Elle peut aussi marquer le début d’une riposte aux mauvais coups qui s’accumulent. Ce serait un tort profond que de ne pas en tenir compte.



Publié dans Débats

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