Facs

Publié le par JC 25, Che Guevara, Guy Môquet,

Facs : le mouvement franchit un cap

Universités . La mobilisation contre la loi Pécresse prend de l’ampleur. La ministre reçoit les présidents d’universités et les étudiants, aujourd’hui.

Un cap a été franchi. Tenir le compte des universités mobilisées devient fastidieux. Trop nombreuses. « On franchit des paliers très vite : le week-end dernier, quinze facs étaient bloquées. Entre lundi et mardi, on est arrivé à vingt-cinq. À la fin de la semaine, il y a de grandes chances qu’on dépasse la trentaine », pronostiquait, hier matin, Jérémy Giono, membre du bureau national de l’UNEF, en deuxième année d’histoire à Grenoble. Dans l’après-midi, trois autres établissementss’ajoutaient àla liste des universités bloquées. Sans doute cela a-t-il convaincu la ministre de l’Enseignement supérieur d’inviter les présidents d’universités et les organisations représentatives étudiantes à « faire le point », aujourd’hui. Tout en maintenant qu’elle ne lâchera rien…

Il devient pourtant difficile, pour le gouvernement, de faire passer le mouvement étudiant pour l’oeuvre de militants d’extrême gauche isolés, comme l’a répété le premier ministre François Fillon, mardi soir sur TF1. En quelques jours, les universités d’Amiens, de Besançon ou de Bordeaux, ont rejoint celles de Toulouse, Nantes ou Rouen sur la liste des établissements bloqués. À Pau, les enseignants du SNESup ont mis en place une « veille solidaire » et se relaient pour dormir sur le campus, aux côtés des étudiants.

« Le mouvement prend vraiment de l’ampleur », se félicite, au Havre, Fatima Mekki, l’une des huit porte-parole de la coordination nationale. Au premier rang, les départements de lettres et de sciences humaines. Ceux de sciences sont plus discrets, ceux de droit souvent opposés au mouvement. « Les départements de lettres et de sciences humaines sont plus menacés par la loi que les autres », explique, à Paris, Damien Bouchée, autre porte-parole de la coordination. « La loi organise le financement direct, et je dis bien direct, des universités par les entreprises. Or, avec une représentation de près de 25 % dans les conseils d’administration, les entreprises ne vont pas financer des formations non rentables. »

Reste que si le mouvement prend de l’ampleur, il fait face à une opposition particulièrement présente. « On assiste à une pression, voire à une intimidation beaucoup plus forte que pendant la lutte contre le CPE », assure Damien Bouchée. Quatre présidents ont décidé la fermeture administrative de leur établissement, les évacuations de "bloqueurs" sont régulières et, de plus en plus, les opposants au mouvement assistent aux AG. « C’est nouveau », confirme Jean Ortiz, représentant du SNESup à l’université paloise. « La droite universitaire n’était pas là pendant la lutte contre le CPE. Dans les AG, elle se focalise sur « blocage ou pas blocage ». » « Nous faisons en sorte de ramener le débat sur la loi, du coup on arrive à convaincre les étudiants », assure le militant de l’UNEF, Jérémy Giono. De ce point de vue, les violentes interventions policières à Rennes et à Nanterre, avant-hier, restent des faits isolés. « Nous ne sommes pas des foudres de guerre, témoigne la Havraise Fatima Mekki. Nous sommes juste des étudiants qui ont peur que leur avenir soit bradé. »

Vincent Defait, l'Huma

Publié dans Revue de presse

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